La Fabrique du rêve. Journée d’études en l’honneur de Victor Stoichita
Studientag
La Fabrique du rêve. Journée d’études en l’honneur de Victor Stoichita
Sous la direction de Antonella Fenech (CNRS/Centre André-Chastel), Jérémie Koering (Université de Fribourg) et Michel Weemans (Paris 1 Panthéon-Sorbonne), cette journée d’études est organisée en l’honneur de Victor Stoichita (Université de Fribourg), à l’occasion de la parution de son ouvrage La Fabrique du rêve. Songe et représentation au seuil de la modernité (Hazan, novembre 2024).
Ce livre interroge le rêve, grande machine de l’imaginaire humain, par le biais de sa représentation picturale. « Peindre le rêve » implique « entrer » dans le rêve du rêveur, rendre visible ce qui est occulté, dévoiler ce qui est larvé. Le rêve suppose de multiples stratégies de chiffrage, lesquelles suscitent depuis longtemps maintes techniques de déchiffrage. Si les songeurs provoquent les onirologues, les peintres, à leur tour, mettent au défi les interprètes. Le livre s’arrête sur une plaie béante, qui prend parfois l’aspect d’une cicatrice, en l’occurrence sur la fêlure-suture où l’art défie le songe et le songe rencontre l’art. La matière première du livre est composée par la production picturale à l’aube des Temps modernes, secondée par la « science » de la discrimination des songes, mise au point dans l’Antiquité et ressuscitée à la Renaissance. Au IVe siècle apr. J.-C., le philosophe Macrobe avait en effet dressé une typologie des songes où il distinguait le songe énigmatique (somnium) qui « signifie » et « présage » sous un voile d’obscurité ; la vision (visio) qui dévoile l’avenir ; l’oracle (oraculum) qui manifeste une révélation d’origine divine ; les songes diaboliques et tentateurs (insomnia) engendrés par les soucis du jour ; et enfin les apparitions effroyables (visa). Jusqu’à quel point la représentation picturale des rêves se plie-t-elle à ces codifications ? Si les récits de rêves abondent au Moyen Âge, la Renaissance et l’Âge classique assisteront à l’éclosion d’un imaginaire peint, paradoxal à plusieurs égards. Quelle est la place de l’illusion onirique à l’époque de l’invention de la perspective ? Quels sont les défis impliqués par la représentation des états modifiés de conscience au temps de la découverte du cogito ? Comment se définit le statut du songe-signe dans le champ pictural ? Les artistes les plus importants, de Raphaël et Michel-Ange à Vermeer, de Giotto et Dürer à Bosch et Schongauer, se sont arrêtés sur ces questions, en y apportant leurs réponses et leurs doutes. D’autres, moins célèbres, s’y sont attardés à leur tour, défiant par leur démarche les idées reçues de l’oniromancie classique tout autant que les capacités interprétatives du spectateur. Par cette réflexion critique au croisement de l’interprétation des rêves et de l’analyse des images, Victor Stoichita aborde un problème herméneutique fondamental : comment approcher l’indistinct, le flou, l’imprécis, l’obscur, le vague ?
Voir le programme de la journée d’étude ci-dessous et au format PDF ci-joint.
Programme
- 09h30 : Accueil par Peter Geimer, directeur du DFK Paris
Introduction : Antonella Fenech, Jérémie Koering et Michel Weemans
Session 1
Modération : Valérie Boudier
- 10h00 : Lieu du songeur, paysage du rêve : un premier déploiement de l’image onirique dans la peinture du Tre-Quattrocento
Anne-Laure Imbert - 10h30 : Rêves en chaussons
Guillaume Cassegrain - 11h00 : Fragments de songe
Jérémie Koering - 11h30-12h15 : Discussion
Session 2
Modération : Philippe Morel
- 14h30 : Les songes de Joseph par Bronzino : De Freud à Rachi
Sefy Hendler - 15h00 : Rêve’olutionnaire : Bosch et le songe satirique
David Zagoury - 15h30 : L’entre songe et vision
Ralph Dekoninck - 16h00-17h00 : Discussion et pause café
Session 3
Table ronde
- 17h00-19h00 : Dans le cadre du Séminaire du Collectif Renaissance, discussion autour de La Fabrique du rêve. Songe et représentation au seuil de la modernité (Hazan, 2024), avec Victor I. Stoichita, Ralph Dekoninck, Antonella Fenech, Jérémie Koering et Michel Weemans
- 19h00 : Cocktail dînatoire